À la veille de donner mon premier cours-atelier dans la classe d’apprentissage actif, j’avais le trac. Je me présentais devant un nouveau groupe, dans une nouvelle salle, avec une nouvelle approche pédagogique axée sur l’expérienciel et la collaboration. L’environnement technologique, à la gestion du temps et à l’appropriation du contenu par les étudiantes et les étudiants: sources d’incertitudes mais aussi de stimulation.
Pour cette première expérience en classe d’apprentissage actif, le thème choisi était l’identité et l’autochtonie. L’objectif était de faire vivre une expérience provoquant un questionnement sur l’identité, les préjugés et stéréotypes existants envers les peuples des Premières Nations, Métis et Inuit (pnmi) au Québec, à une classe d’étudiants du collégial de nationalités diverses.
Un scénario pédagogique adapté à la classe AA.
Dans une classe aménagée sur mesure pour le travail d’équipe, il est judicieux de maximiser ces dynamiques et de réduire notre temps d’intervention “à l’avant”. Le pédagogue passe du théâtre “à l’italienne” au “cirque”, acceptant de délaisser une illusion d’autorité pour un chaos créateur et ludique !
Ainsi, j’ai taillé mon scénario pédagogique selon les principes suivants :
1. L’ancrage : la participation de chacun dans un espace d’authenticité
2. Une “rupture” dans chaque équipe - un moment de surprise amenant à re-questionner notre position préalable
3. Une image pour chaque équipe: une représentation imagée du processus vécu en équipe
La classe étant naturellement divisée pour 4 équipes de travail, le scénario permettait à chaque équipe de travailler sur une thématique distincte, mais structurée de la même façon. Le tableau en annexe résume ce qui était demandé à chaque équipe et ce, à chacune des étapes.
Une pédagogie adaptée au sujet
L’approche pédagogique choisie contenait des éléments de narrativité, invitant les participants à partir de soi pour raconter un récit imagé.
La thématique assignée à chaque équipe était liée à la roue de médecine, utilisée par les PNMI à des fins d’enseignement, de guérison et de communication. Il était prévu d’aborder quleques dimensions physiques, émotives, mentales et spirituelles des rapports entre nations.
Réflexions post-mortem
Paule Dion, conseillère à l’international au Cégep de Victoriaville, a commenté l’accueil reçu dans la CAA du Cégep de l’Outauais : “ Je viens tout juste de faire un retour sur le séjour avec les deux enseignantes responsables et elles ont apprécié l’activité, malgré le fait que les étudiantes et les étudiants en connaissaient très peu sur le sujet. Je crois que c’est une bonne idée de les avoir fait participé et d’avoir fait l’atelier dans la salle d’apprentissage actif, je suis certaine qu’ils ont davantage appris ainsi et qu’ils auront mieux intégré toutes ces nouvelles informations.”
De mon côté, comme animatrice, j’ai été surprise par le taux de participation et d’engagement des étudiantes et étudiants, incluant une équipe de jeunes hommes qui se sont sentis à l’aise de discuter de leur santé mentale. J’ai apprécié les écrans à chaque table qui permettaient de diviser les tâches à partir d’une seule présentation et facilitaient le travail d’animation “multiple”.
Par ailleurs, si j’anticipe avec plaisir ma prochaine expérience d’animation dans la CAA, j’ai noté l’importance d’une approche simple, structurée et efficace ! Les contenus comme les tâches proposés seront raffinés avec le temps et vos commentaires, car n’oublions pas : dans l’apprentissage actif, le plaisir croit avec l’usage !
Mig’wech (Merci)
Tableau synthèse de l’animation
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Tâche # 1. (ANCRAGE) | Tâche # 2. (RUPTURE) | Tâche # 3. (MODÉLISATION) | |
Physique- Corps- Territoire | Réflexion individuelle puis partage sur le rapport territoire pendant l’enfance : “Quel était le paysage de ton enfance ?” | - Lecture d’un poème sur la toundra, sans nommer l’auteure - Hypothèse sur le rapport au territoire de cette auteure - Joséphine Bacon, Innue de Pessiamit vivant en milieu urbain...changement de perceptions ? | Exemples d’images communes des participants: 1ère image : la forêt 2e image : usine, ville, pollution 3e image : personnage autochtone aux deux endroits, territoire intérieur. |
Émotionnel- Coeur- Écoute | En équipe, les participants sont invités à développer des relations réciproques, en silence (assez longtemps). Puis commenter sur leur expérience du silence | - Écoute de musique traditionnelle (chants de gorge) - Écoute de montage audio de DJ Esquimau - intégrant éléments sonores liés à l’environnement dans un contexte “moderne” | Exemples d’images communes des participants: 1ère image :silence opprimant 2e image : complicité 3e image : tensions entre tradition et modernité Le rôle du silence dans la communication interculturelle |
Mental | “Comment ça va ?” En équipe les participants sont invités à échanger sur leur santé mentale | -Stanley Volant, premier chirurgien autochtone au Québec, initiateur du projet Innu Meshkanu (longue marche sur le territoire pour favoriser la persévérance) - Taux de dépression élevé au Québec en général | Difficultés et résilience Contextes familiaux difficiles |
Spirituel | “Quelle est votre perception de la spiritualité autochtone ?” | Exemple des Innus de la Romaine, syncrétisme religieux catholique : Article “Les derniers nomades”, Nouveau Projet, #Avril 2014 | Plusieurs spiritualités Rapport aux générations |